Le concept

La simulation en santé

La simulation en santé est définie par  la Chambre des Représentants des Etats-Unis* comme «l’utilisation d’un matériel (comme un mannequin ou un simulateur procédural), de la réalité virtuelle ou d’un patient standardisé pour reproduire des situations ou des environnements de soin, dans le but d’enseigner des procédures diagnostiques et thérapeutiques et de répéter des processus, des concepts médicaux ou des prises de décision par un professionnel de santé ou une équipe de professionnels.»

Selon la HAS**, il s'agit d'«une méthode pédagogique active et innovante, basée sur l’apprentissage expérientiel et la pratique réflexive. Un programme de simulation est un programme de formation et/ou d’analyse de pratiques et/ou de recherche qui utilise la simulation. Il peut, en fonction des thématiques et des objectifs, comprendre d’autres méthodes (cours théoriques, ateliers pratiques, etc.). Dans tous les cas, la place de la simulation dans ce programme doit être déterminée par la plus-value pédagogique amenée par rapport aux autres méthodes existantes.

Le shéma suivant représente les différentes formes de simulation d'après la HAS ***. Celles en couleur sont organisées au sein du Centre de Simulation Médicale.

* Chambre des représentants USA, 111th congress 02-2009.

** Granry, J. C., & Moll, M. C. (2012). Rapport de mission: État de l’art (national et international) en matière de pratiques de simulation dans le domaine de la santé. Dans le cadre du développement professionnel continu (DPC) et de la prévention des risques associés aux soins. HAS.

*** Haute Autorité de la Santé (2012). Guide de bonnes pratiques en matière de simulation en santé. HAS-Santé, Saint-Denis.

Les trois étapes d'une séance de simulation

U

ne séance de simulation typique est souvent pratiquée en équipe (pluridisciplinaire ou non), et se déroule en 3 phases :

1. Briefing (15 minutes) : Chaque séance de simulation débute par un briefing qui doit-être préparé et structuré par le formateur. Cette étape importante permet le bon déroulement du scénario et la préparation du débriefing.

Le briefing est un temps indispensable de familiarisation des apprenants avec le matériel (possibilités et limites du mannequin, matériel à disposition, etc.), de présentation du contexte (ce qui a précédé la prise en charge simulée : passage aux urgences, sortie de bloc opératoire, etc.) ainsi que de l’environnement (locaux, présence de tiers ou de la famille, etc.).

Le formateur explique aux apprenants, mais également aux observateurs, le déroulement de la séance de simulation et verbalise les objectifs pédagogiques. Les attentes et préoccupations des apprenants sont considérées et discutées, de manière à réduire le décalage entre celles-ci et les objectifs pédagogiques, et donc d'optimiser la séance de simulation.

Le formateur rappelle les principes de confidentialité et les règles déontologiques (en particulier concernant l’enregistrement vidéo) conformément à la charte établie par l’infrastructure. Afin de ne pas biaiser le déroulement des séances de simulation à venir, il peut être demandé aux apprenants de ne pas diffuser et partager les scénarios.

D’autres éléments psychologiquement importants sont aussi passés en revue : l’absence de jugement par un tiers, de pièges intentionnels de la part des formateurs, et bien entendu de risque pour le « patient ». D’une manière générale, le formateur met à l’aise les apprenants afin de créer un environnement propice à l’apprentissage.

2. Mise en situation (déroulement du scénario - 15 à 30 minutes) : Une fois le briefing réalisé, le scénario est déroulé par les apprenants et guidé par le formateur qui adapte son évolution en fonction de leurs réactions.

Au cours de cette mise en situation, le formateur procède par ajustements permanents du scénario, afin de maintenir les apprenants en situation de résolution de problème(s). Si nécessaire, il peut intervenir lui-même ou par le biais d’un facilitateur pour aider les apprenants, en particulier quand ceux-ci se trouvent bloqués dans une situation ou pour éviter d’évoluer vers une situation d’échec (par exemple, le « décès » du patient-mannequin non prévu dans le scénario). Ces techniques permettent de favoriser la réalisation des objectifs pédagogiques, dont certains seront dégagés pendant cette partie d ela séance (objectifs particuliers).

3. Débriefing (40 minutes environ) : Le débriefing est le temps d’analyse et de synthèse qui succède à la mise en situation simulée. C’est le temps majeur d’apprentissage et de réflexion de la séance de simulation. Selon un processus structuré, le formateur va dégager, avec les apprenants, les points correspondant aux objectifs d'apprentissage (éléments d’évaluation formative). Cette rétroaction (feedback) porte spécifiquement sur l’analyse de l'ensemble de la performance (application des recommandations, travail en équipe et facteur humain) lors du déroulement du scénario. Elle renseigne à la fois le formateur et l’apprenant sur le degré de compétences individuelles et collectives dans le contexte donné. Le rôle du formateur est essentiel car c’est lui qui va « faciliter » le débriefing, parfois grâce à l'auto-confrontation (audio-vidéo), et guider la réflexion des apprenants jusque dans leur pricessus cognitif. Le débriefing ne doit pas jamais être sanctionnant.

On peut résumer l'apport de la vidéo comme une phase où le candidat peut se voir lui-même "en action" et réfléchir "sur l'action" afin de parvenir à une réflexion "dans l'action".

Le débriefing comporte habituellement plusieurs phases: la phase de réaction, la phase d'analyse et enfin la phase dite d'application ou de synthèse.

La phase de réaction débute par un rappel par le formateur des informations permettant de travailler et de s’exprimer en confiance, afin d’éliminer de nouveau l’idée de jugement et/ou de piège. Dans un premier temps, il est important d’aborder avec les apprenants la manière dont ils ont vécu la séance de simulation. Ainsi, chaque apprenant est invité à exprimer ses impressions et ce qu’il a ressenti (émotions/sentiments). Ensuite, le formateur invite les apprenants à synthétiser ce qu'il s'est passé : "que vous a-t-on mis en scéne aujourd'hui ?"; "quelle était la pathologie ?". Le formateur s'assure que tous les participant ont bien intégré ce moment de compréhension.

La phase d’analyse est souvent la phase la plus longue et la plus intense en termes d'échanges. Elle permet d’explorer les raisons pour lesquelles les actions ont été réalisées ou au contraire non réalisées, l'application des recommandations, et d’interpréter le raisonnement qui sous-tend les décisions prises. Tous les apprenants peuvent réagir et il est important que l’ensemble des personnes puisse s’exprimer dans un langage non agressif en dehors de tout jugement partisan. Cette phase doit être bien guidée par le formateur (facilitateur) pour éviter d’éventuels conflits et favoriser la participation des candidats plus en retrait. Une technique intéressante pour amener les étudiants à réfléchir et ainsi d'explorer le processus cognitif (empriente cognitive) est "l'advocacy/inquiry".

La phase d’application ou de synthèse permet aux apprenants de faire une synthèse de ce qu’ils ont appris de la situation simulée. Cette phase peut amener les candidats à identifier et se donner de nouveaux objectifs d’apprentissage et/ou de développement professionnel adaptés à leur parcours personnel. 

Le bon déroulement d’un débriefing dépend bien entendu de facteurs importants tels que : le niveau de compétences des apprenants et des formateurs, une définition claire des objectifs pédagogiques, la crédibilité des scénarios et leur durée, etc.